Le 10 juillet 1917 : le retour en France de Désiré Quettier, maire de Berck

Désiré Quettier (1855-1923) reste aujourd'hui une figure emblématique de la Côte d'Opale : d’abord docteur en médecine, il devient maire de Berck, avec trois mandats successifs (1907-1908, 1908-1912, 1912-1919), et conseiller général du canton de Montreuil-sur-Mer de 1907 à 1919.

Commandant d'infanterie lors du siège de Maubeuge du 25 août au 8 septembre 1914, il est l'un des 45 000 soldats français faits prisonniers. Le sort exact réservé à ces captifs par l'ennemi est ignoré en France au cours des premiers mois de la guerre.

Dortoir de prisonniers de guerre internés au camp de Torgau : photographie [1915-1916]. Archives départementales du Pas-de-Calais, 5 NUM 1/4

Dortoir de prisonniers de guerre internés au camp de Torgau : photographie [1915-1916]. Archives départementales du Pas-de-Calais, 5 NUM 1/4

En septembre, il est interné dans la forteresse de Torgau, dans la province de Saxe en Allemagne. Les forts humides réquisitionnés deviennent de véritables lieux de détention : les conditions d'hébergement s’avèrent difficiles et occasionnent de nombreuses maladies pulmonaires. Le camp de Torgau se compose de deux forts réunis en un même lieu, le fort Zinna et le fort de Brückenkopf datant de la période napoléonienne.
Il s'agit essentiellement d'un camp de prisonniers militaires, officiers et soldats, français et russes en grande majorité. On y recense également des civils français et belges déportés. Les officiers bénéficient néanmoins d’un confort de vie souvent plus facile que ce que subissent les hommes de troupe. Ils disposent de lits au lieu de sacs de paille. Dispensés de travailler, leur quotidien est rythmé par le sport et l'étude. Ce camp est évacué fin 1917 notamment sur le camp d'Eutin, situé dans la province de Schleswig-Holstein au nord de l'Allemagne. Les prisonniers internés connaissent pour la plupart de trois à cinq camps durant leur captivité.

Lors de la session du 12 avril 1915 à Boulogne-sur-Mer, les membres du Conseil général lui rendent hommage et lisent à l'assemblée l'un de ses courriers :

Remerciez, je vous prie, les collègues qui m'ont écrit. Tous ceux que vous connaissez ici sont en bonne santé. Ils supportent la captivité avec courage et résignation, ayant conscience d’avoir fait leur devoir. Ils regrettent seulement de se sentir impuissants et d'être condamnés à l'inactivité, mais on ne choisit pas sa destinée, on la subit, et on s’efforce de la subir avec dignité
.

Le Bulletin des Réfugiés du Pas-de-Calais note le 13 janvier 1917

que M. Quettier, maire de Berck-sur-Mer, commandant d'infanterie, fait prisonnier à Maubeuge et interné depuis plus de deux ans à Torgau (Allemagne) vient d'être ramené et interné en Suisse. Une dépêche, adressée à sa fille, Mme Gogibus, annonce que le Commandant Quettier est arrivé à Thoune (Thun) chef-lieu du district sur l'Aar
.

En 1915, des pourparlers entre belligérants et pays neutres portent sur la possibilité d'interner des prisonniers des deux camps en Suisse. L'accord est réalisé le 15 janvier 1916, et les premiers convois arrivent le 26 janvier. Au 1er août, sous la responsabilité du médecin colonel suisse Hauser, 11 689 militaires et civils français, ainsi que 3 629 Allemands sont envoyés en Suisse dans des conditions de séjour nettement plus favorables.

Retour en France de M. Quettier, maire de Berck

Monsieur le docteur Quettier, commandant d’infanterie territoriale, maire de la ville de Berck-sur-Mer, prisonnier de guerre depuis la réédition de Maubeuge, vient de rentrer en France ; il est arrivé à Berck au début de l'après-midi de mardi.

M. le commandant Quettier qui avait été prisonnier pendant de longs mois à Torgau (Allemagne) était interné depuis quelques temps à Thun (Suisse). Le bruit se son prochain retour courait à Berck depuis quelques jours déjà. Dans l’après-midi de mardi M. Quettier annonça à ses amis qu'il avait fait partie d'un convoi d'officiers internés en Suisse rentrés en France et qu'il avait un congé de deux mois.

Tous ses interlocuteurs ont été heureux de constater que grâce au repos qu'il a pu goûter en Suisse, l'état de santé du sympathique commandant s'est très amélioré. Quant à son énergie et à sa vigueur bien connues, elles sont restées telles qu'elles étaient au moment de son départ pour la captivité.

Mercredi dernier, dès que la nouvelle a été connue, M. Ch. Guyot, Vice-Président, remplaçant M. Jonnart, Président du Conseil général, en mission, a télégraphié au commandant Quettier :

"Au nom du Conseil général du Pas-de-Calais, je salue votre retour parmi nous et j'irai vous embrasser. Guyot."

La France du Nord. dimanche 15, lundi 16 et mardi 17 juillet 1917. Archives départementales du Pas-de-Calais, PG 16/96.

  • Le 12 juillet 2017 à 00h