Une véritable dynastie bienfaitrice à Lillers : les Fanien

Plan d'architecte composé de deux coupes et d'une vue de la façade d'une maison d'ouvrier.

"Maison d’ouvrier de M. Fanien à Lillers (Pas-de-Calais), plan, échelle 1:50". Fonds de la préfecture du Pas-de-Calais. Exposition universelle de 1889. Archives départementales du Pas-de-Calais, M 2432/1.

À Lillers, le nom des Fanien évoque un passé industriel glorieux. C’était l’époque, avant la seconde guerre mondiale, où la commune était l’une des capitales nationales de l’industrie de la chaussure avec Romans (Drôme) et Fougères (Ile-et-Vilaine).

La maison Fanien

La maison Fanien, ou cordonnerie Fanien, a été fondée en 1823 par Charles Fanien père. Charles-François-Joseph Fanien est né le 2 juillet 1797 à Busnes, d’un père maître cordonnier qui dirigeait un atelier d’une petite dizaine d’ouvriers. À son retour d’un séjour de perfectionnement à Paris en 1822, il installe à Lillers une fabrique de chaussures qui emploie dès 1824 une cinquantaine d’ouvriers. La fabrique trouve des débouchés à l’exportation dans les colonies et continue son développement rapide grâce à des techniques et des outils de travail à la pointe du progrès. Le développement de l’entreprise trouve également sa source dans l’activité des fils Fanien, Achille (né le 9 janvier 1827 à Lillers), républicain convaincu, député du Pas-de-Calais de 1881 à 1885 et de 1889 à 1902, puis Ovide (né à Lillers le 7 août 1832), maire de Lillers.

Carte postale en noir et blanc d'un atelier de manufacture où l'on voit un groupe d'ouvrières penchées sur leur ouvrage.

Lillers. Manufacture de chaussures du M. D. G. des coopératives. L’apprêtage. Carte postale en noir et blanc, 140 x 190, Paris, Gandon photo-édit., [1904-1920]. Archives départementales du Pas-de-Calais, 5 Fi 516/13.

Les années fastes

En 1860, la maison Fanien emploie près de 1 500 ouvriers. Elle occupe un espace important, les bâtiments ayant en 1889 une superficie de plus de 12 000 mètres carrés ; l’entreprise familiale compte également des établissements à Saint-Omer et Fruges (Pas-de-Calais), Steenvoorde (Nord) et Paris. Elle est régulièrement récompensée aux expositions. Philanthropes, les Fanien multiplient les œuvres sociales : construction de près de 200 habitations pour les ouvriers, maisons qui reçoivent une médaille d’or à l'exposition universelle de 1889 ; aide à l’accession des ouvriers à la propriété ; construction d’une école de garçons et d’une école de filles ; création d’une société communale de secours mutuels, d’une école de natation, de l’hospice.

Photographie noir et blanc d'un piédestal sur lequel repose le buste d'Ovide Fanien. Sur le socle, on peut lire: "Au bienfaiteur Ovide Fanien, maire de Lillers, chevalier de la légion d'honneur, ses concitoyens reconnaissants". Le monument se trouve sur une pelouse devant une maison.

Lillers. Buste de Monsieur Ovide Fanien. Paris, phototypie A. Breger frères, Lillers, imp. Caillieret-Renault, [1904-1920]. Archives départementales du Pas-de-Calais, 5 Fi 516/20.

Le déclin

La deuxième guerre mondiale marque le début d’un inexorable déclin de la fabrique familiale, qui subit de plein fouet la chute des exportations et le combat inégal d’un marché fortement concurrentiel. En 1950, la maison Fanien disparaît, tandis que la dernière usine à chaussures de Lillers ferme ses portes en 1996.

Ne serait-ce que par la dénomination de la rue Fanien, Lillers conserve aussi le souvenir de cette belle industrie à travers une maison de la chaussure, place du capitaine Ansart. Le buste d’Ovide Fanien est toujours visible à l’arrière de la mairie, au milieu d’un parc, et l’harmonie municipale, qui fut l’une des meilleures de France, continue à porter leur nom.

Sources

Archives départementales, M 2432/1, 2 O 10805, 10809-10810, BHD 150/10