30 août 1914 : rapport du préfet sur le départ des administrations départementales

Monsieur le Ministre,

J’ai conscience d’avoir jusqu’à ce jour rempli tous mes devoirs ; dans la mesure du possible, je me suis efforcé d’assurer le fonctionnement de tous les services départementaux, m’attachant en particulier à celui de la trésorerie. Dans tous les arrondissements où les communications n’étaient pas coupées, j’ai pu ainsi continuer le ravitaillement de Paris, y effectuer le paiement des allocations, des soutiens [de] famille, des traitements [des] petits fonctionnaires… C’est dans cette volonté que je m’étais retiré de mon chef-lieu privé de tout moyen de communication et sur l’invitation formelle du général en chef d’Amade. J’y suis rentré hier après-midi avant d’avoir été touché par l’ordre que [vous] m’avez transmis et qui m’est parvenu par envoyé spécial. J’ai trouvé une ville calme, j‘ai visité les hôpitaux remplis de blessés évacués des champs de bataille des environs de Bapaume. Cette ville distante d’Arras de 20 km est actuellement occupée par des Allemands dont je suis avisé que le nombre sera grossi ce soir par plusieurs régiments qui viendront y cantonner.

Un ingénieur télégraphe est arrivé hier soir, sur ma demande, tenter de réorganiser quelques communications télégraphiques et téléphoniques afin que le chef-lieu départemental ne reste pas isolé. J’essaierai de créer également un embryon de fonctionnement postal.

[rayé : J’ai prescrit aux directeurs qui m’avaient accompagné à Boulogne de rejoindre leur poste à Arras, mais je ne sais où trouver ceux des Postes et des Contributions directes.]

J’ai cru devoir maintenir à Boulogne M. le trésorier payeur général en contact avec la seule succursale de la Banque de France subsistant dans le département.

Ce chef de service a sollicité M. le ministre [des] Finances des instructions pour se conformer aux dispositions qu’il m’a paru nécessaire de lui prescrire pour soulager les misères criantes. Je vous serais obligé d’insister pour que la plus grande facilité lui soit donnée pour ses opérations pendant toute le temps de la guerre à la succursale de la Banque de France de Boulogne, en crédits suffisants pour faire face aux exigences les plus impérieuses. Il serait indispensable que cette succursale, qui alimente tout le Pas-de-Calais et une partie du Nord, pût être, quand le besoin s’en produira, ravitaillée soit par voie de fer soir par eau.

En toutes circonstances, croyez bien que je ne me suis pas départi du calme et du sang-froid que je n’ai cessé de conseiller aux autres, j’ai visé à me rendre le plus utile possible et, demain comme aujourd’hui, je n’entends faillir à aucun de mes devoirs quels qu’ils soient.

[mention infra-paginale :] Fait le 30 VIII 19 [h] 14.

Archives départementales du Pas-de-Calais, M 5569.

Texte manuscrit retranscrit-ci-contre.

Rapport général du préfet au ministre de l'Intérieur. Archives départementales du Pas-de-Calais, M 5569.

Texte manuscrit retranscrit ci-contre.

Rapport général du préfet au ministre de l'Intérieur. Archives départementales du Pas-de-Calais, M 5569.