La résistance traquée

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La mort ? Dès le début de la guerre, comme des milliers de Français, je l’ai acceptée. Depuis, je l’ai vue de près bien des fois, elle ne me fait pas peur. Jean MOULIN

Après l’armistice du 10 juillet 1940, naît dans le Pas-de-Calais un noyau de résistance, qui s’amplifie au fil du temps. Une véritable "guerre de l’ombre" se déploie pendant plus de quatre ans et coûte la vie à des centaines de patriotes. En parallèle, la politique de maintien de l’ordre allemande, initialement relativement "modérée" pour préserver les relations locales en zone rattachée, subit deux phases successives de radicalisation, en juin 1941 après la rupture du pacte germano-soviétique, à l’automne 1943 avec la montée en puissance de la lutte armée résistante et la priorisation pour les autorités allemandes des enjeux défensifs, face à la menace d’un débarquement.
Elle s’amplifie ainsi tout au long du conflit : exécutions d'otages sans jugement de septembre 1941 à mai 1942, arrestations et mises à mort ou déportation de résistants en 1942-1943. C’est l'été 1944 qui est le plus sanglant, l'occupant vidant massivement les prisons françaises vers les camps de concentration. La majorité des résistants déportés ont transité dans des prisons belges (citadelle de Huy, Saint-Gilles à Bruxelles).

L'importance de la répression est difficile à estimer car une bonne partie des archives policières allemandes ont disparu. Yves Le Maner et Étienne Dejonghe, dans Le Nord-Pas-de-Calais dans la main allemande, estiment qu’environ 18 000 personnes ont été arrêtées entre 1940 et 1944 dans les deux départements, pour faits de résistance ou "menées communistes". Parmi elles, une écrasante majorité de militants du Parti communiste français clandestin.
Les travaux du Comité d'histoire de la deuxième guerre mondiale (dont ceux de Fernand Lhermitte pour le Pas-de-Calais) et de Laurent Thiery permettent de dénombrer, malgré des lacunes, 465 "fusillés, morts sous la torture ou abattus" dans le Pas-de-Calais (dont 218 fusillés à la citadelle d'Arras) pour un total de 10 000 fusillés sur l'ensemble du territoire français. Plusieurs dizaines de résistants nordistes, y compris des femmes, ont été décapités dans des prisons allemandes.

Le nombre de déportés pour "raisons politiques" ou "actes de résistance" est plus élevé dans le Pas-de-Calais (1 468 pour 1,2 millions d'habitants) que dans le Nord (1 239 pour 2 millions). Ce phénomène s'explique là aussi par l'importance de la résistance communiste du bassin minier lensois.  Sur ces 2 707 déportés, 511 sont des femmes, dont 200 (soit 45 %) ne sont pas rentrées. À ces données, il faut ajouter les personnes internées dans divers camps et prisons, mais qui n'ont pas été déportées. Dans le Pas-de-Calais, ce chiffre s'élève à 5 118, dont 438 ont péri pendant leur détention.

Si l’on excepte les régions de grands maquis, le Pas-de-Calais figure ainsi parmi les départements les plus touchés par la répression allemande.

Sur la résistance dans le Pas-de-Calais, voir :

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