Achille Caron, père et fils, témoins privilégiés de l’histoire d’Étaples

Le fonds Achille Caron a été confié aux Archives départementales du Pas-de-Calais par l’association Stapula, le 11 décembre 2006 et le 26 avril 2007, conformément à sa délibération du 24 janvier 2006. Cet ensemble, donné par Achille Caron en 1992, est d’une richesse inestimable pour l’histoire d’Étaples au XXe siècle.

Qui était Achille Caron ?

Il s’agit en fait, de deux personnes, le père et le fils, portant le même prénom, exerçant le même métier – la photographie – et partageant la même passion : Étaples.

Portrait au crayon d'un homme de profil, tête baissée.

Portrait au crayon d'Achille Caron (père), par Myron Barlow (1873-1937), peintre de l'école d'Étaples [1927-1937]. Archives départementales du Pas-de-Calais, 88 J 01/53.

Achille-Adolphe Caron-Caloin (le père) est né à Étaples le 10 mars 1888, de Louis Caron, décorateur-photographe, et de Louise Bigot. Louis Caron était un proche de Gustave Souquet qui lui aurait appris l’art de la photographie. Après avoir fréquenté l’école communale, Achille Caron entre, dès 1902, dans diverses sociétés théâtrales et participe à 68 concerts, en tant qu’acteur ou directeur-acteur. Comme en témoignent de nombreux documents, il a une passion particulière pour la musique, les fêtes locales et les chansons patoisantes.

Parallèlement à ses activités "festives", il reprend, en 1910, l’atelier photographique de son père.
En 1920, il est inquiété par le fisc, pour bénéfices de guerre dus à la présence des camps britanniques à Étaples, mais le tribunal de Boulogne-sur-Mer lui donne raison. En 1934, il fait partie des fondateurs de la société des Amis de Quentovic, avec laquelle il appose, par exemple, une plaque commémorative sur la maison de Jacques Lefèvre d’Étaples.
Durant la Seconde Guerre mondiale, il fait figure de précurseur de la défense passive. Il conserve ainsi dans une carrière située rue de Camiers, les archives communales et religieuses, des tableaux et des partitions de musique. Sa maison et son atelier, rue de Rosamel, sont malheureusement sinistrés et pillés, le 20 mai 1940. Il meurt suite à une longue maladie, le 3 octobre 1947.

Écusson d'une marque de bière, nommée Cols-bleus (brasserie Delaporte, fondée en 1754), montrant un ancre et une corde qui y est attachée.

Extrait du troisième livre d’Étaples par la photographie. Avec notes tirées de nombreux journaux et livres (1914-1931). Archives départementales du Pas-de-Calais, 88 J 04/152.

Achille-Louis-Ernest Caron (le fils) est né à Étaples le 20 avril 1912. En tous points, il est le digne continuateur de son père. Photographe lui aussi, il passe son existence à prendre des clichés de sa ville natale et de ses habitants dans leur vie quotidienne, lors de manifestations diverses. Il participe aussi à la défense passive durant la Seconde Guerre mondiale.
Également passionné d’histoire locale, il collabore avec son père au sein de la société de Quentovic. Dans l’un de ses nombreux cahiers de notes, il indique toutefois en gage d’avertissement :

Contrairement à ce qui semble s’établir, je ne suis pas un historien, loin de là ! Seul l’intérêt porté au passé local constituant, dans ma famille, une tradition, a fait de moi un collectionneur, assez bien placé, il faut le dire, en raison de notre état de photographes

Double page d'un cahier annoté sur lequel on a collé un photographie noir et blanc d'un bateau et deux lithographies couleur montrant un moulin et un homme en train de fumer.

Extrait du premier livre d’Étaples par la photographie. Avec notes tirées de nombreux journaux et livres (1914-1931)

Peu après la mort de son père en 1947, il déménage à Saint-Léonard dans le hameau de Pont-de-Briques, où il ouvre son propre magasin de photographies. Cependant, comme en témoigne la délibération du conseil municipal d’Étaples du 19 décembre 1990, sa ville natale lui décerne, pour services rendus, le titre de "citoyen d’honneur de la ville d’Étaples". Il décède à Pont-de-Briques le 22 janvier 1996, et est enterré dans le caveau familial de l’ancien cimetière d’Étaples.

Le fonds Achille-Caron (sous-série 88 J)

Ce fonds a un double intérêt. Les photographies produites par la famille Caron sont indéniablement un témoignage sans équivalent de l’Étaples du XXe siècle. Les manuscrits dédiés à la photographie, classés dans la première partie du fonds sont certainement les documents les plus originaux et les plus intéressants.

Portrait noir et blanc d'une matelote en médaillon.

Extrait du neuvième livre d’Étaples, mon vieux pays ! Avec notes tirées de nombreux journaux et livres (1914-1931). Archives départemantales du Pas-de-Calais, 88 J 23/06.

Outre une production impressionnante de cartes postales et de photographies, Achille Caron (fils) a également participé à la publication de trois ouvrages, eux aussi dédiés à la photographie et à l’histoire d’Étaples :

  • Scènes de la vie étaploise. À partir des clichés de la collection Achille Caron (1982) ;
  • Scènes de la vie étaploise. À partir des collections Eanger Irving Couse et Achille Caron. Tome II (1987) ;
  • La société populaire d'Étaples : 1794-1795 (1989).

Le second intérêt est bien entendu historique. Achille Caron, père et fils, ont en effet collecté une masse importante de documents et d’ouvrages relatifs à Étaples. Ce qui fait du fonds Achille-Caron un véritable trésor pour les historiens ou simplement, pour tous les curieux s’intéressant à Étaples.

Photographie couleur d'une double page d'un cahier annoté sur lequel on a collé des photographies.

Extrait du premier livre d’Étaples par la photographie. Avec notes tirées de nombreux journaux et livres (1914-1931). Archives départementales du Pas-de-Calais, 88 J 02/117.

Ce fonds est librement communicable, hormis les cotes 88 J 7 à 12 qui ne le seront qu’à partir de 2040, par volonté du donateur.

Le document à l’honneur

Le document mis à l’honneur n’est qu’un extrait d’un des nombreux manuscrits rédigés par Achille Caron (fils). Ceux-ci sont composés de photographies, de coupures de journaux et d’annotations, parfois disposés de manière empirique. Cette page est donc à l’image de milliers d’autres contenues dans les nombreux tomes des manuscrits intitulés : Étaples par la photographie, Étaples, mon vieux pays!, ou Portraits d'Étaplois.

En tout, il s’agit de plus de 3200 pages couvrant une période de près d’un siècle, désormais disponibles sur notre site internet. Auxquelles s’ajoute une collection de 199 cartes postales, représentant Étaples – et ses environs – sous tous ses aspects.

Photographie noir et blanc montrant une double page de cahier annoté sur lequel on a collé des photographies noir et blanc.

Extrait du deuxième livre d’Étaples par la photographie. Avec notes tirées de nombreux journaux et livres (1914-1931). Archives départementales du Pas-de-Calais, 88 J 03/64.