Le buvard artistique d'un fonctionnaire entre les deux guerres

Le classement des fonds de l'enregistrement aux archives départementales du Pas-de-Calais

Les fonds de l’enregistrement et du timbre sont particulièrement volumineux dans le Pas-de-Calais. Ils occupent un étage et demi du bâtiment de Dainville (un peu plus de 2.5 km linéaires). Bien connus des généalogistes successoraux, ils permettent de retrouver, par exemple, la date de décès d’une personne (grâce, notamment, aux tables des successions et absences) ou le nom du notaire ayant enregistré un acte de mariage (grâce aux tables des mariages ou aux répertoires généraux), etc.

Le classement de ce fonds est réputé assez fastidieux : une fois les typologies d’actes bien identifiées, il consiste uniquement à repérer la date d’ouverture et de clôture de chaque registre (soit 48 341 fois la même opération pour notre département !). Ce travail, qui s’effectue debout entre les rayonnages de registres, a mobilisé onze personnes de 2004 à 2009 et a donné lieu à un inventaire de 1138 pages.

La découverte d'un petit trésor

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Troisième de couverture du registre des actes sous seing privé du bureau de l’enregistrement et du timbre de Calais (1922-1927). Archives départementales du Pas-de-Calais, 3 Q 15/1725.

Troisième de couverture du registre des actes sous seing privé du bureau de l’enregistrement et du timbre de Calais (1922-1927). Archives départementales du Pas-de-Calais, 3 Q 15/1725.

Lors de ces journées de classement, la découverte d’un petit dessin ou d’une maxime, laissés par un fonctionnaire astreint à des tâches de copie sans doute extrêmement répétitives, est toujours une surprise émouvante. La plus jolie trouvaille que j’aie faite dans les fonds de l’enregistrement se trouve dans la troisième de couverture d’un registre de Calais. Là où, d’ordinaire, les receveurs essuient leurs plumes ou leurs tampons pour en enlever les excédents d’encre, l’un d’entre eux a réalisé un portrait composé digne d’Arcimboldo uniquement avec les tampons dont il se servait pour son travail : "Calais" et "Pas-de-Calais" pour les yeux, "39, rue des Maréchaux (2e étage)" pour l’arête du nez et les sourcils, "Calais (A.-C.) " pour les moustaches et le bouc, etc.

 Cette œuvre d'une grande finesse reste malheureusement anonyme. Nous savons, grâce à l'Annuaire administratif, que le receveur du bureau des actes civils de Calais de 1922 à 1927 était M. Rouquié, mais, dans nos fonds, les archives concernant l'organisation des bureaux de l'enregistrement et la composition des équipes manquent cruellement et nous ne pourrons sans doute jamais deviner le nom de notre "Arcimboldo aux ronds de cuir"...