Les archives en guerre (la Seconde Guerre mondiale)

Des mesures de sauvegarde des archives à la libération d’Arras

Tirer des leçons du passé

Alors que la Première Guerre avait pris tout le monde au dépourvu, les premières mesures de protection se multiplient dès l’été 1939, aux archives départementales comme ailleurs. L’abri du préfet mis en service en avril 1939 est réquisitionné le 12 juillet de la même année. Le gouvernement français envoie des instructions secrètes de défense passive à l’ensemble des préfets. La France est sur le pied de guerre et se prépare au nouveau conflit.

Fort des enseignements tirés de l’incendie du palais Saint-Vaast en juillet 1915, qui avait détruit une grande partie des fonds anciens, Georges Besnier (archiviste départemental du Pas-de-Calais depuis 1919) envoie au directeur des Archives de France le 31 août 1939 un état des lieux de la situation des archives. En septembre, il met en place des mesures de sauvegarde : les documents les plus précieux sont rassemblés au sous-sol, des extincteurs et seaux de sable sont disposés sur les paliers des escaliers de chaque étage et le personnel est formé à leur utilisation. Les ouvertures du sous-sol sont obstruées par des sacs de sable et celles des étages sur la façade sud-ouest au moyen de plaques de bois contre-plaqué. Des tours de garde sont organisés, de jour comme de nuit, et on envisage même des solutions d’évacuation d’urgence des archives. Un rapport de la Commission supérieure des archives daté du 4 octobre 1939 salue

ces précautions supplémentaires
et le zèle de Georges Besnier. Car en plus d’organiser la préservation des archives départementales, ce dernier s’implique également dans la sauvegarde des archives communales et hospitalières. Il n’hésite pas à conseiller les maires et à proposer des solutions de conservation.

Le document présenté ici illustre parfaitement l’état d’esprit qui règne alors, rien n’est laissé au hasard, il faut se tenir prêt à affronter l’ennemi et à parer ses attaques.

Plus de peur que de mal pour les archives

Après la "drôle de guerre" (septembre 1939 à mai 1940) où rien ne bouge vraiment, l’Artois se retrouve en première ligne lors des offensives de l’été 1940. Lors de la bataille d’Arras (19-24 mai 1940), la gare et le quartier de la préfecture sont bombardés, tuant un grand nombre de civils. Les Arrageois prennent alors le chemin de l’exode et il règne sur la cité éventrée et désertée (seuls 7 000 à 8 000 habitants sont restés) une odeur de poudre et de mort.

Le 27 avril 1942, on évacue, par mesure de protection, certaines archives du Nord, du Pas-de-Calais et de la Seine-Inférieure au château de Vaux (Eure-et-Loir). Il s’agit essentiellement d’archives de la zone côtière du département et de la ville de Saint-Omer.

En avril 1944, face à la multiplication des alertes et des bombardements par avion, le préfet décide d’aménager le sous-sol des archives pour y installer le personnel féminin de la préfecture (l’abri construit peu de temps auparavant ne disposant que de très peu d’espace). On déménage, en hâte, les documents présents (archives notariales, services des dommages de guerre), on démonte une partie des rayonnages et on installe des tablettes, des lampes électriques et du chauffage.

C’est avec un immense soulagement qu’une foule en liesse accueille l’entrée des Alliés dans Arras le 1er septembre 1944. René Bargeton, successeur de Georges Besnier depuis février 1943, peut enfin respirer : les archives sont sorties indemnes de ces années noires.

Questionnaire adressé aux archives départementales

Ministère de l’Éducation nationale
Direction des Archives de France
Archives départementales, département du Pas-de-Calais

Texte dactylographié retranscrit ci-contre.

Archives départementales du Pas-de-Calais, T 759.

1. Le fonctionnaire chargé des
archives départementales (archi-
viste titulaire ou son rempla-
çant) a-t-il été appelé, en rai-
son de l’état de guerre, à des
fonctions officielles étrangè-
res au service des Archives ?
Archiviste titulaire affecté spécial.
(désigner ces fonctions avec
précision).
Président du Centre départemental
d’information - fonction d’ailleurs en
rapport avec ses fonctions officielles
normales dans leur partie administrati-
ve et bien entendu entièrement gratui-
te.

2. Dans quelle mesure ces fonc-
tions extraordinaires lui per-
mettent-elles d’assurer le ser-
vice des Archives ?
De 8 à 23 heures, il y a 15 heures et
autant les dimanches et jours fériés.
Préciser :
a) laquelles de ces deux activi-
té l’occupe le plus ;
b) si l’affectation est provi-
soire, ou prévue pour toute
la durée de la guerre.
Pas de durée déterminée.

3. La salle de travail des archi-
ves est-elle restée ouverte ?
Oui.
Quelle est approximativement,
par rapport à l’avant-guerre,
la proportion des travailleurs
continuant à la fréquenter ?
La même.

Texte dactylographié retranscrit ci-contre.

Archives départementales du Pas-de-Calais, T 759.

4. Dans quelles mesures les do-
cuments du dépôt demeurent-
ils communicables :
a) pour les recherches histo-
riques ;
b) pour les recherches admi-
nistratives.
Indiquer les fonds ou parties
de fonds accessibles.
Répondre à cette question
même si la salle de travail
est actuellement fermée.
Tous.

5. Comment est assurée la sur-
veillance des dépôts d’archi-
ves provisoires créés par
évacuation ?
a) archives du département ;
Surveillance permanente.
b) archives en provenance
d’un autre département ;
Néant.

Archives départementales du Pas-de-Calais, T 759.

Bibliographie

  • Nathalie VIDAL, Georges Besnier (1879-1961) ou l’intelligence et la vertu, Arras, 1998
  • Mickaël ROUSSEL, La Seconde Guerre mondiale à Arras vue par la presse locale 1939-1944, mémoire de maîtrise, Université d’Artois, 1999-2000. Archives départementales du Pas-de-Calais, Ms 724

Commentaires (15)

Archives départementales du Pas-de-Calais

Bonjour,

Nous avons plusieurs liasses de documents concernant les chemins de fer pendant la période de l’occupation (essentiellement en série 3 S), mais elles devront être dépouillées dans notre salle de lecture de Dainville. Il est cependant plus probable que vous trouviez des informations concernant une personne précise dans les dossiers de personnel conservés par le Centre historique des archives de la SNCF, qui a mis un en ligne un guide de recherche pour cette période (http://multimedia.sncf.com/archives-documentation.sncf/Guide_de_recherches_Guerre_1939_1945.pdf).

Le 17 décembre 2013 à 09h51

MARTEL Edith

Il y a bien hu un Willy chez mon arrière grand mère nous avons une photos voici mon adresse email si ça peut aider Monique etienne1418 [at] orange.fr merci de transmettre

Le 05 décembre 2013 à 00h12

MARTEL Edith

Je c'est que des soldats allemands travaillant a la gare de St Omer on loger chez mon arrière grand mère je pense avoir 1 ou 2 photos et que l'un deux est parti sur le front russe si ça peut aider Monique

Le 03 décembre 2013 à 00h03

MARTEL Edith

L' association devoir de mémoire recherchons des documents sur le blockhaus rue des madeleines de St Omer ainsi que des photos .Et également sur la libération de St Omer merci d'avances

Le 02 décembre 2013 à 23h56

abela monique

Bonjour Monsieur ou Madame,
Ma question est la suivante. existe-t-il dans vos archives des documents sur la gare de St Omer, époque 1943 ?mon père était soldat allemand, il occupait le poste de sous-chef de gare, je possède 3 photos de lui, un prénom: Willy. Un nom incertain TEPEL. Il y a peut-être des documents qui parle de cette époque, les logements réquisitionnés ? les cheminots français à la gare de St Omer ? des photos ?Des relevés de service ?
Merci de me répondre, je vous en serais très reconnaissante, et vous prie de recevoir mes sincères salutations.
Monique ABELA

Le 27 novembre 2013 à 16h46